Loriana, le choix de Merkane

La goélette dériva en douceur, tel un oiseau mort qui allait, avec sa dernière énergie, puis cessa de troubler l’onde où elle s’immobilisa. Elle donnait l’étrange impression que le brion, et toute la portion immergée de sa coque étaient composés de cette même eau glauque et profonde qui remplissait l’espèce de petite anse où le jour insinuait une pâleur d’autre part. Non que ce fût le soir, l’après-midi n’avait pas encore éveillé les oiseaux des halliers, mais l’assemblée des arbres était si dense à l’entour de la baie qu’elle restait presque toujours dans une lumière crépusculaire. De rares clartés éclataient ici et là, au pourtour de la berge, oscillations de fils bruns emperlés de lampes bleues, tendus sous les feuillages des marronniers, des trembles et des scènes d’osiers rouges....