Né à Castres en 1616 d'un père écossais, Alexandre Morus fut un des pasteurs de l'Église réformée de Charenton, en compagnie de Jean Daillé et de Jean Claude. Genève, Middelbourg, Amsterdam, Venise, ses talents oratoires et littéraires lui avait avant cela permis d'occuper diverses positions ecclésiastiques prestigieuses, qu'il ne put garder bien longtemps, suite à certaines accusations d'immoralité ; justifiées ou non, il est difficile de le savoir. Ses succès, et peut-être sa vanité, n'avaient pas manqué d'exciter la jalousie d'autres pasteurs ; sur le plan théologique ils le dénonçaient comme partisan des idées de Moïse Amyraut sur la prédestination et la grâce universelle. Ceci ne doit pas surprendre ; loin de ressembler à l'assemblée des esprits des justes parvenus à la perfection, la constellation pastorale des réformés français du XVIIe siècle évoquait assez souvent l'image d'un panier de crabes : Daillé, et plus tard Saurin durent eux aussi faire face à la cabale de leurs confrères. Quoiqu'il en soit, si le nom de Morus est aujourd'hui quasiment oublié, il fut un acteur de la réforme française suffisamment remarquable pour que l'imprimerie retienne de lui une biographie détaillée (A critical account of the life, character, and discourses of Mr. Alexander Morus) et bon nombre de ses sermons ; parmi ces derniers, les deux exemples que nous rééditons rendent assez bien le ton primesautier, spirituel et piquant de son homilétique. Le premier, Là s'assembleront les aigles, reprend une curieuse exégèse de l'obscur verset Matthieu 24.28, pour l'appliquer à la sainte-cène ; le second, sur Elisée demandant à Elie lors de son enlèvement une double portion d'Esprit, fut prêché à Charenton pour les funérailles de Raymond Gaches, dont Morus devint le successeur.