Mali

Comment imaginer qu’un fleuve puisse traverser le désert ? L’eau et le sable l’un contre l’autre sans que l’un ne s’évapore ou l’autre ne recule. Lorsque la terre du Sahel craquelle sous la sécheresse, seul le « fleuve des fleuves », le Djoliba, divisé en multiples bras et étendues d’eau pour former un delta intérieur, avec le lac « Débo » dont les eaux s’étendent à perte de vue comme une mer intérieure, nourrit le million d’Africains qui y vivent. Source de vie, voie de communication et lieu de commerce, il rassemble de multiples ethnies et génère une activité grouillante. De grandes cités sont nées sur ses berges qui vivent au rythme annuel des crues et des décrues. D’une saison à l’autre, les eaux se retirent découvrant de verts pâturages, des rizières et des cultures. En aval, à l’extrême nord de sa course malienne, le Niger trace une large boucle dans le désert, dont Tombouctou occupe le sommet. Les flots viennent directement heurter les dunes de sable. La nudité et le choc des éléments évoquent un paysage originel. Les illustrations de ce carnet de voyage – aquarelles, encres, techniques mixtes- évoquent, au fil de la descente du fleuve de Mopti à Tombouctou, une Afrique intemporelle tant le spectacle a peu varié depuis l’époque des premiers grands explorateurs. Apparaissent les mêmes flottilles de pirogues chargées à ras bord ; les troupeaux de zébus menés à la baguette par les bergers Peuls le long du fleuve en décrue; les pêcheurs Bozos, « les maîtres du fleuve », lançant leurs filets d’un geste ample dans les eaux poissonneuses; les silhouettes de piroguiers, appuyés sur leurs perches, semblant glisser sans effort; les marchés villageois dont les couleurs vives éclatent dans l’aride environnement sahélien.