Histoire de la République des États-Unis, Tome II

La connaissance des évènements rapportés par J.-F. Astié dans ce deuxième tome, est indispensable à qui veut comprendre où en était arrivé l'esprit américain à la veille de la guerre civile, ainsi que ses évolutions ultérieures : la décadence de la théocratie puritaine, culminant dans l'épisode des sorcières de Salem ; le grand réveil religieux sous Jonathan Edwards ; l'{\oe}uvre de William Penn ; les tumultueux rapports des colonies avec la mère-patrie, aboutissant aux guerres coloniales ; l'accouchement difficile de la Constitution ; l'influence néfaste de Jefferson ; le douloureux problème de l'esclavagisme, que de puissantes révolutions accomplies en si peu de temps ! Tocqueville, cité plus d'une fois, trouvait dans cette apparition de l'Amérique un spectacle que jusqu'ici il n'avait pas eu occasion d'admirer : «La civilisation anglo-américaine, dit-il, est le produit de deux éléments parfaitement distincts, qui ailleurs se sont fait souvent la guerre, mais qu'on est parvenu, en Amérique, à incorporer en quelque sorte l'un dans l'autre, et à combiner merveilleusement. Je veux parler de l'esprit de religion et de l'esprit de liberté,» mais il lançait également un avertissement prophétique : «Le matérialisme est, chez toutes les nations, une maladie dangereuse de l'esprit humain ; mais il faut particulièrement le redouter chez un peuple démocratique, parce qu'il se combine merveilleusement avec le vice du cœur le plus familier à ces peuples. La démocratie favorise à croire que tout n'est que matière et le matérialisme, à son tour, achève de les entraîner avec une ardeur insensée vers ces mêmes jouissances. Tel est le cercle fatal dans lequel les nations démocratiques sont poussées. Il est bon qu'elles voient le péril et se retiennent.»