Stanislas Dessinateur 2

Je me suis souvent demandé si les dessinateurs de bande dessinée, ou les illustrateurs, avaient un corps. Ou s’ils devaient se contenter d’une main et d’un cerveau bien accordés. Beaucoup d’entre eux m’ont confirmé que cette question pouvait se poser. Mais d’autres, comme Stanislas, manifestent à chaque trait que, non seulement ils ont un corps, mais de plus entièrement engagé. Et ça se sent à chaque image. Regardez comment ça bouge tout en ayant l’air d’être fixé pour l’éternité. Voyez comme ça danse, comment l’artiste chorégraphie ses scènes, souvent acrobatiques, à la frontière des arts de la rue et de la chevalerie (où parfois l’éléphant remplace élégamment le cheval). Et comment tout cela reste léger, ce qui ne signifie pas superficiel : comme si on devait sentir le souffle de l’ange (qui chute si merveilleusement) à chaque signe. Une amazone, nue comme il se doit, finement tracée, chevauche un gigantesque insecte d’un noir intense. On la sent si fragile, prête à s’envoler.